Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/285

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rue de Tréguier nommé Yves Le Pezron, qui avait lui-même pour second un cordonnier nommé l’Hélicoq et un cultivateur de Loguivy, paroisse voisine, nommé Pierre Le Moullec. Les pièces qu’on jouait le plus fréquemment au forlac’h étaient la Vie de sainte Tréphine, la Vie de sainte Geneviève de Brabant, la Vie de sainte Hélène, surtout la Vie de Louis Eunius ou le Purgatoire de saint Patrice. Elles ont été éditées pour la première fois par mon père, imprimeur à Lannion et qui pensait donner ainsi satisfaction au goût dramatique de ses concitoyens. Jusqu’alors les acteurs qui jouaient ces pièces les apprenaient sur des manuscrits péniblement copiés par eux et qui ne leur avaient pas coûté quelquefois, comme le manuscrit du Mystère de sainte Anne à Pierre Le Moullec, « moins de trois hivers de travail et de patience »[1]. La troupe de Lannion se disloqua vers 1870[2]. Les manuscrits qu’elle avait en sa possession ou, comme on dit en

  1. Aussi y tenaient-ils comme à la prunelle de leurs yeux. « Pendant que j’étais à Paimpol, raconte Frérainville, des paysans de la paroisse de Plourivo voulurent représenter la tragédie intitulée : La vie de l’Antéchrist, mais aucun d’eux ne la possédait. Obligés de l’emprunter à un habitant d’une paroisse voisine, afin d’apprendre leurs rôles, celui-ci ne leur confia son manuscrit qu’après avoir reçu d’eux en gage une somme de cent écus. » (Antiquités de la Bretagne.)
  2. Avant de disparaître pourtant, elle retourna dans les salles fermées qu’elle avait un moment quittées pour le forlac’h. Plusieurs représentations furent données à l’Allée-Verte, rue du Port, au Café des 500 couverts et, rue de Tréguier, au Chapeau Rouge. Le couvreur Drillet, dit Licoq, qui vit encore, partie de cette troupe.