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LE THÉÂTRE DU PEUPLE EN BRETAGNE

d’une représentation des Quatre fils Aymon donnée à Langoat en 1886, lors des fêtes de Pâques, mais l’auteur ne dit ni par quelle troupe ni dans quelles conditions de mise en scène. C’est à Morlaix que la Melpomène bretonne, chassée du diocèse de Tréguier, cette Attique de la Basse-Bretagne, comme l’appelait Luzel, se réfugia définitivement, mais pour sombrer presque aussitôt dans une déchéance lamentable. Auguste Le Corre, ouvrier, né à Lannion, le 23 août 1807, s’était établi à Morlaix et y avait formé une troupe dans les premières années du règne de Louis-Philippe. Il avait pour second Vincent, puis Joseph Coat qui devait lui succéder plus tard, comme directeur. Cette troupe morlaisienne joua d’abord en plein air et en s’en tenant à l’ancien répertoire. C’est ainsi que Le Corre réduisit en une seule journée, pour sa troupe, le Mystère de sainte Tréphine qui fut représenté à Morlaix le 14 février 1844. On a conservé les noms des acteurs qui prirent part à cette représentation : Le Corre, Le Goff, Baillet, Baud, Pot-Loë, Corvezy, Dumoulin, Guéguen, Boga, Richard et Ginof. Sans doute n’eut-elle qu’un demi-succès, puisque Auguste Le Corre et Joseph Coat imaginèrent de traiter eux-mêmes des sujets mieux appropriés à leur auditoire, presque exclusivement composé d’ouvriers et de petits boutiquiers de la ville. Leur répertoire, à partir de ce moment, comprend surtout des pièces tirées de la Bibliothèque Bleue, telles que la Vie d’Olivier de Montrevel, les Douze pairs de France, la Vie de Jean de Paris, etc., dont l’auteur est Joseph Coat, ou empruntées directement des drames fran-