Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/290

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çais en vogue, tels, que les Brigands de l’Estramadure ou l’Orphelin de la forêt, par Auguste Le Corre. Joseph Coat en particulier était un grand liseur de pièces françaises et étrangères. Il se les assimilait avec une sorte de frénésie, traduisant ou adaptant pour sa troupe tout ce qui lui tombait sous la main, sans distinction, depuis Mithridate, Athalie et Mérope, jusqu’à la Jérusalem délivrée, en passant par la Tour de Nesle et Agnès de Méranie. Ce fut vraiment le Hardy de la scène bretonne. Il n’a pas composé moins d’une centaine de pièces, aussi plates les unes que les autres, et dans un breton déguenillé à faire honte. L’ « actualité » patriotique lui inspirait, en 1859, une pièce intitulée : Martha ou La sœur hospitalière à la guerre d’Italie. Ce fut son triomphe. Dans l’intervalle cependant, la troupe morlaisienne avait quitté la place publique pour se transporter rue Bourret, dans une arrière-salle d’auberge où un plancher volant lui servait d’estrade. Plus rien là, ni le décor, ni les acteurs, ni le public, ni les pièces ne rappelaient l’ancien théâtre breton. Les acteurs étaient des ouvriers de la ville, quelques-uns même des portefaix sans état civil bien défini, comme Pot-Loë, Pot-Téo, Pot-Lannion, et, parmi eux, une anonyme désignée sous le nom de la « juène actrice ». La salle de la rue Bourret pouvait contenir de cent cinquante à deux cents spectateurs au maximum. Les représentations s’y prolongèrent jusqu’à la fin de l’Empire, d’où elles se transportèrent dans une autre salle dite de la Renaissance et sise place du Dossen. En 1888 enfin, le regretté Luzel et M. Ro-