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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/300

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mission de fourbir énergiquement le bronze jusqu’à ce qu’il eût repris son poli initial.

Ce fut un beau travail. Mais le papier à l’emeri dont on se servait ne donna que des résultats médiocres. Les creux surtout résistaient. Le vert-de-gris s’y était incrusté et on ne parvenait point à l’en faire déménager. Alors M. Quirin prit une résolution farouche : renonçant au fourbissage, il décida qu’on peindrait la statue. L’ordre fut donné : il allait être exécuté quand le sculpteur fut prévenu.

Son arrivée conjura le sacrilège. Mais la presse s’était déjà emparée de l’affaire : on se gaussait un peu partout de ce maire récureur et badigeonneur ; les habitants de Lesneven commençaient à dresser l’oreille. Il n’y avait que M. Quirin qui ne comprenait pas. Il ne comprit que quand le sculpteur, sous menace d’un procès qu’il était sûr de gagner haut la main, l’obligea de signer un petit papier par lequel il s’engageait à prendre à son compte les frais de restauration de la statue. Reste à savoir si la statue est « restaurable ». On le dit et je veux le croire pour M. Godebski d’abord, mais surtout pour Le Flô et davantage encore pour ses admirateurs.

Car le Flô, à bien des égards, est une des figures les plus expressives de ce temps. Assurez-vous que la postérité rendra justice, tôt ou tard, à ce petit Léonard en braies courtes, agile et têtu, parti à douze ans du prétoire paternel, engagé volontaire à dix-