Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/304

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est fréquente chez les gens de sa race et que la foi chez eux n’est que la fiancée rêveuse de l’action. « Ceux qui craignent le plus les dieux, disait Xénophon, sont ceux qui, dans la bataille, craignent le moins les hommes. »

J’ai voulu revoir, à Lesneven, la petite maison où naquit le général. C’est dans une rue qui mène à l’église. On la reconnaît à la plaque de marbre noir encastrée dans sa façade et qui porte l’inscription habituelle : Ici est né, etc., avec le casque de chevalier taré de trois-quarts, à ventaille grillagée, et la devise de Le Flô : Sounch ha gortoz « Songe et attends.» La maison, fraîchement réchampie, n’a qu’un étage : elle date seulement du commencement du siècle, et elle a l’air presque jeune parmi ces vieux hôtels de la Renaissance, ces pignons gothiques, les âpres et hauts murs des communautés environnantes. Là vécut et mourut le père du futur général, M. Le Flô, juge de paix du district ; là vinrent au monde ses trois filles, toutes trois restées demoiselles, et ses deux fils, dont l’aîné fut notre héros. Le pas s’étouffe dans la rue, sur l’herbe qui ouate la chaussée. Il y règne une ombre mélancolique, et partout, dans la ville, on retrouve la même impression d’austérité et de douceur. Comme un milieu pareil explique bien l’homme qu’a été Le Flô, ses élans, sa chevalerie, sa rudesse pétrie de bonté !

Elle est pourtant bien déchue aujourd’hui, cette pauvre cité de Lesneven, jadis « la meilleure ville de l’évesché de Léon », pour parler comme le F. Cyrille Pennée dans son Dévot pèlerinage du Folgoët. Elle