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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/316

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cette noblesse délicate et sereine qui sont sa marque distinctive, il importait de connaître quelle enfance et quelle jeunesse avaient préparé cette fin de vie héroïque de Paul Henry, à quelles sources cet enfant avait puisé la force calme, le mépris du danger et, mieux que cela, la joie devant le danger.

La joie, le mot n’est pas excessif. Peuziat, un des trente matelots du Pé-Tang, dit que son chef souriait quand il est mort. Louarn, autre matelot : « Quand notre chef a été tué, il est venu tomber dans les bras d’un marin et il nous regardait en souriant, voulant encore nous encourager et ne paraissant nullement souffrir, quoique percé par deux balles ». De même encore Mgr Favier : « Sa blessure lui avait enlevé la parole. Il était souriant, et il n’a pas eu une petite ride ni un changement sur son visage jusqu’à la fin ».

Ce sourire du mourant, tous les hommes accourus autour de Paul Henry l’ont remarqué. Tous se souviennent aussi de l’étrange insistance que mettait Paul Henry à répéter partout et en toute circonstance que le Pé-Tang serait sauvée mais que lui ne le serait pas. Pressentiment inexplicable, si l’on ne savait que Paul Henry, nature toute mystique, mais de ce mysticisme qui n’a rien de revêche ni d’amer, s’était mentalement offert en holocauste pour le salut des trois mille chrétiens dont il avait la garde.

Un obélisque de granit, que l’artiste, M. Yves Hernot fils, a décoré d’une croix, d’une ancre et d’une