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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/320

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TROIS « MARITIMES »

— Je ne vous souhaite qu’une chose, c’est d’être aussi bon enseigne que vous avez été bon aspirant.

Si le souhait de l’amiral Pottier fut exaucé, on le sait assez par le siège du Pé-Tang et le rapport de M. Pichon. C’est pourtant un hasard qui décida du sort de Paul Henry : en Extrême-Orient et en cours de voyage, un enseigne de vaisseau venait de donner sa démission. On le remplaça d’office par Paul Henry. Notre héros apprit sa nomination par un de ses camarades, dans la rue, le 1er janvier 1900.

— Quelles belles étrennes ! s’écria-t-il, à demi fou de joie.

Le journal de bord reprend aussitôt. Nous accompagnons l’enseigne sur l’Armand-Béhic qui le transporte à Saigon, puis sur l’Entrecasteaux qui mouille successivement à Tourane, à Hong-Kong, à Matsou, à Yokohama et à Port-Arthur. Je ne crois pas qu’il y ait, dans notre littérature pérégrinitique, de pages plus alertes et plus jolies que le récit d’un banquet franco-russe auquel Paul Henry assista dans ce dernier port. Le Champagne coule à flots ; les toasts chevauchent les toasts. Et allez donc ! Encore une santé pour la France ! Encore une autre pour la Russie et une troisième pour le tsar et une quatrième pour M. Loubet et une cinquième pour l’amiral…

« Oh ! mon Dieu, remarque finement Paul Henry, que les hommes ont donc de motifs de s’aimer le verre en main ! »