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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/321

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Ils en ont tant d’autres de se haïr, le fusil au poing ! Brusquement, du côté de Pékin, les choses ont pris une mauvaise tournure : les Boxers égorgent nos protégés, menacent les légations. L’ambassadeur d’Allemagne vient d’être assassiné en pleine rue de Pékin ; M. Pichon, notre ministre, télégraphie l’amiral Courrejolles pour lui demander des renforts ; cent hommes du Descartes et du d’Entrecasteaux, mouillés à Fou-Tchéou, sont désignés pour former la colonne de secours. Quant aux officiers, ce sont un lieutenant de vaisseau et un aspirant du d’Entrecasteaux, un enseigne et un aspirant du Descartes : Paul Henry n’est pas de l’expédition.

Et il s’en désole, le pauvre enfant ! D’être laissé à Fou-Tchéou lui paraît une horrible injustice, la méconnaissance du plus légitime de ses droits. Il ne peut supporter la pensée que les fusiliers qu’il a instruits, formés lui-même, seront conduits au feu par un autre que lui. Sur ses vives représentations, l’amiral consent à lui donner le commandement qu’il sollicite. Il part pour Tien-Tsin, le soir même, avec son détachement, et, de Tien-Tsin, prend le train pour Pékin.

Le reste est connu. Mais c’est dans le journal de Paul Henry qu’il faut suivre, heure par heure, minute par minute, les émouvantes péripéties de ce siège du Pé-Tang. Jamais l’héroïsme ne parla une langue plus charmante et, pour dire le mot, plus française. Pas un regret, pas un mot d’amertume dans ces pages griffonnées au porte-mine sur un angle de gabion, mais partout la gaieté, l’allégresse, le divin conten-