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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/339

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1846, marque exactement l’état des partis dans le collège de Lannion. Jules Simon est décidé à voir les électeurs, à convoquer en réunions contradictoires MM. Tassel et Le Gorrec et à demander au comité de se prononcer entre eux et lui. Il ne veut, et le répète, ni diviser ni affaiblir l’opposition.

Il arriva quelques jours après à Tréguier, par où il devait commencer sa tournée électorale. La lutte s’annonçait fort violente. Le Gorrec s’était désisté, mais le parti d’extrême gauche continuait à soutenir la candidature d’Yves Tassel ; le clergé et les légitimistes celle de M. de Carcaradec[1]. Les plus grandes chances cependant étaient pour Jules Simon, mais le comité Barrot, qui lui avait promis d’abord son appui, puis qui s’était réfugié dans une neutralité équivoque, se déclara brusquement contre lui. On fit répandre dans le pays qu’il était « ministériel », et au dernier moment le comité posa par lettre-circulaire la candidature de M. de Cormenin, insinuant qu’on « éviterait ainsi d’envoyer à la Chambre un fonctionnaire public ».

Cette « manœuvre de la dernière heure », comme on dirait maintenant, compromit tous les avantages qu’avait recueillis Jules Simon de sa campagne

  1. Les ministériels ne présentaient point de candidat. La mémoire de Jules Simon l’a trompé sur ce point (V. Mon petit journal, Temps du 2 février 1891). Disons-le d’ailleurs une fois pour toutes : beaucoup de faits, d’anecdotes racontés par Jules Simon, surtout dans les dernières années de sa vie, ne doivent être acceptés que sous caution : il n’inventait pas toujours, mais il « brodait » fréquemment. C’est dans le sang, il faut croire.