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1 milliard 300 millions de francs. Le chiffre effraya jusqu’aux libéraux. Vainement Gladstone remontra-t-il qu’il ne s’agissait que d’une avance temporaire et que la plus grande partie, sinon la totalité de l’avance, ferait retour à l’État. Ce fut seulement dans la fameuse nuit du 1er au 2 septembre 1893, après trois tentatives infructueuses, que le home-rule fut voté par la Chambre des communes. L’Irlande poussa un grand cri de soulagement ; mais la Chambre des lords, six jours plus tard, repoussait le bill ; Gladstone tombait et, quand il reprenait le pouvoir, quelques années après, le pays, las de tant d’agitations, était hostile au home-rule. Sur 670 membres qui composent la Chambre des communes, 410, aujourd’hui encore, sont manifestement opposés à son adoption, dont 349 députés anglais. La majorité contre le home-rule est donc de 150 voix. Mais elle pourrait changer du jour au lendemain, sous la magie d’une parole enflammée et pour peu que la représentation irlandaise reprît l’unité de direction et de vues qu’elle a perdue avec Parnell.[1]. Les Anglais eux-mêmes se

  1. C’est aujourd’hui fait. Les tronçons du parti national irlandais se sont ressoudés grâce à l’intervention d’un parlementaire de grand mérite, homme sage et universellement considéré, M. John Redmond. M. Redmond était lui-même, depuis plusieurs années, président du groupe parnelliste. Les trois fractions du parti, le groupe O’Brien-Dillon, le groupe Timothée-Healy et le groupe parnelliste forment actuellement un corps compact sous la direction de ce chef avisé. La devise adoptée par le « parti national uni » est la devise même de Parnell : « l’Irlande nation ! » Malheureusement les bonnes dispositions du gou-