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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/379

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rendent compte que l’adoption du home-rule n’est plus qu’une affaire de temps. On en peut voir une preuve dans la concession qu’ils viennent de faire à l’Irlande (1899) de conseils de comtés élus, comme ceux qui fonctionnaient déjà dans la principauté de Galles, et qui tendent à substituer le gouvernement du peuple au landlordisme. Cette concession a été on ne peut mieux accueillie des Irlandais. Aussi bien la partie saine de la nation commence-t-elle à comprendre que les intérêts du pays peuvent être servis autrement et plus utilement que par la violence. Les complots de Tynan et de Kearney, les troubles qui ont éclaté l’année dernière à Belfast, sont des accidents de plus en plus rares dans la vie publique de l’Irlande. En retour, les sociétés comme la Ligue gaélique, la Society for the preservation of the Irish language, la Celtic Litteray Society, etc.[1], qui, sous couleur purement littéraire et

    vernement anglais à l’égard de l’Irlande n’ont duré qu’un matin. Accentuant même leur politique anti-irlandaise, les impérialistes du cabinet Salisbury ont remplacé, au secrétariat en chef de l’Irlande, le conciliant M. Gerald Balfour par M. Wyndham dont on connaît les sentiments coercitionnistes. À cette nomination, qui ressemblait tant à une provocation et qui l’était bien, comme les événements l’ont prouvé, les parlementaires irlandais ont répondu en reconstituant la Ligue nationale agraire qui jadis causa tant de mécomptes aux landlords. Ainsi le conflit, au lieu de s’apaiser, menace de tourner au tragique, — d’autant que le parti révolutionnaire, qui s’incarne si magnifiquement dans l’ardente patriote Maud Gonne, n’entend plus obéir aux conseils de modération et à la politique d’atermoiement du groupe parlementaire.

  1. Nous ne parlons pas ici de l’Académie d’Irlande, dont le