Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/397

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Patagonie, sur les rives du Rio-Chapat, on trouve une petite colonie galloise très florissante et qui veille avec un soin jaloux sur son intégrité.

Mais la communauté celtique par excellence, c’est, à l’étranger, la colonie irlandaise et spécialement la colonie d’Amérique. L’émigration jette, bon an mal an, dans ce pays de 50 000 à 75 000 Irlandais. Quelques branches de dérivation portent vers l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Indes ; le courant principal se dirige toujours, comme au XVIIe siècle, vers les États-Unis. On estime présentement à 9 millions le chiffre des Irlandais fixés en Amérique : sur ces 9 millions d’émigrants, combien avaient gardé leur langue, leurs traditions ? Le calcul n’en a point été fait, mais on sait assez que, jusqu’à ces dernières années, la politique absorbait toutes les forces du parti. Politique de conspirateurs, ténébreuse, romanesque, à mots de passe et à surprises, la plus propre à contenter ce peuple imaginatif et crédule et la moins propre à servir ses intérêts. Le fenianisme est né en Amérique et c’est en Amérique qu’ont été préparés les attentats de Phœnix-Park et du pont de Londres, pour ne citer que les principaux. C’est en Amérique que la propagande nationaliste recrute encore ses agents les plus zélés et c’est d’Amérique que lui viennent presque tous ses subsides. L’Irish People, comme l’Irish American, a été fondé avec l’argent américain. Aux premiers bruits d’un conflit avec l’Angleterre, en 1897, on vit toute la colonie irlandaise se dresser, s’offrir avec des vaisseaux, des canons, des trains d’artillerie et une armée de 100 000 volontaires bran-