Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/49

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Cette première matinée de pardon est toute consacrée aux exercices de dévotion. De la grand’messe et des vêpres, il n’y a point grand chose à dire cependant, sauf que le prône s’y fait en breton et que les trois quarts des pèlerins, ne pouvant pénétrer dans l’église, trop étroite pour les contenir tous, débordent dans le cimetière et y suivent l’office agenouillés sur leur mouchoir de poche. Ils prendront leur revanche à la procession. C’est le morceau capital, le clou d’or de la journée. Un branle de cloches l’annonce. La limite extrême de son parcours est quelquefois fixée par un second bûcher, plus beau et plus grand que celui de la veille, le plus souvent par un calvaire ou par un reposoir. En tête du cortège, précédant d’un pas ou deux la croix paroissiale, s’avancent les sonneurs d’échellettes en robes rouges et en aubes à dentelle ; une longue file de bannières et d’oriflammes se déroule à leur suite. Les bannières paroissiales surtout sont superbes, en velours ou en soie brochée, avec des glands d’or, des pendeloques et l’essaim bruissant de mille clochettes. Le pied de la hampe tombe à plein dans le sac d’un solide baudrier de cuir que les vexillaires s’accrochent autour des hanches. Encore leur faut-il une vigueur peu commune pour dresser et maintenir verticalement ces énormes labarums. Croirait-on pourtant qu’à Naizin, par gageure et pour augmenter le poids de la bannière paroissiale, on en bourrait la poche de ferraille et de plomb ? Il est vrai que les vexillaires recevaient vingt mètres d’avance sur le reste de la procession. Louable prudence !… Après les bannières, la musique, fifres et tambours, bombardes,