Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/50

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binious, accordéons même, ô signe des temps ! Et, après la musique, les statues, châsses, reliques, ex-voto de toutes sortes, parmi lesquels la petite frégate, tout enrubannée, que des marins de l’État en grand costume promènent sur leurs épaules, tandis que des mousses agitent en mesure les rubans accrochés au gaillard d’arrière pour imiter le tangage. De minuscules canons de cuivre, fixés au bordage et bourrés de poudre jusqu’à la gueule, font feu au moment solennel. Les statues reposent sur des claies d’honneur ; la statue de sainte Anne est généralement portée par quatre veuves en noir ; la statue de la Vierge par quatre jeunes filles en blanc, la coiffe dénouée et pendante, choisies parmi les plus belles et les plus pieuses de la paroisse. Quant aux châsses et aux reliquaires, objets plus particulièrement sacrés, la garde n’en saurait être confiée qu’à des séminaristes ou à des diacres. Instinctivement, à leur approche, la foule plie le genou et se signe dévotement. Voilà pour le commun des pardons. Mais à Pluvigner, qui ne possède pas moins de sept reliquaires contenant les ossements de sept saints renommés, il est d’usage qu’aux trois haltes que fait la procession les porteurs des sept reliquaires les lèvent à bout de bras : sous ces ponts improvisés, les pèlerins défilent à la queue-leu-leu en demandant une grâce ; à Plouguerneau, chaque année, la fabrique met aux enchères une collection de statuettes emmanchées au bout d’un bâton et que les pèlerins se disputent l’honneur de porter[1]. Rendue

  1. L’effet de ces statuettes, ainsi emmanchées, ne laisse pas