Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/68

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il nous est une manière d’Hérodote chrétien : ce qu’il y avait encore de poétique dans la prose du neveu de Panyasis, on le retrouve dans la prose du P. Albert, comme on retrouve chez lui cette curiosité patriotique et ce souci des origines qui signalaient le premier historien grec.


I


Le R. P. Albert Le Grand de Kerigonval (ou Kerigowal) naquit à Morlaix sur la fin du XVIe siècle. Il appartenait à une famille noble de Bretagne qui avait pour armes d’azur à trois feuilles de trèfle d’argent, deux en chef et une en pointe. On sait peu de choses sur sa vie. Il commença ses études au couvent des Dominicains de Morlaix et les acheva à Rennes, au couvent de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle où il prononça ses vœux. Il a conté lui-même, dans son Avertissement au Lecteur comme il fut conduit à écrire la Vie des Saints de Bretagne :

« La principale fin des Frères prédicateurs, dit-il, estant de procurer le salut des âmes par le moyen de la prédication et sentant mon humeur incliner à cette fonction apostolique, je commençay, peu de temps après ma profession, à recueillir de mes lectures ce que je rencontrois de matière propre à cet effet, pour m’en servir lorsque l’âge, la capacité et le commandement de mes supérieurs le permettroient. Quel-