Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/69

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ques années après mon obédience reçeue pour le couvent de Morlaix, lieu de ma naissance, et destiné pour faire les questes ordinaires par les paroisses de l’évesché de Léon, je fus curieux de m’enquérir des vies des saints Patrons d’icelle, pendant le séjour que je faisois en chacune, afin d’en pouvoir dire quelque chose en chaire et spécialement aux jours de leurs fêtes. En cette recherche, j’eus avis de nombre d’églises dédiées à Dieu, sous l’invocation et patronage de plusieurs d’iceux, dont les noms, bien qu’escrits au livre de Vie, ne se trouvent dans nos martyrologes et calendriers. Cet avis, redoublant ma curiosité, me fit continuer avec plus de diligence, mesme à visiter les anciens bréviaires imprimez, légendaires[1], martyrologes, manuscrits, offices particuliers et semblables antiquitez desdites églises, et à tirer extraits de la plupart d’iceux. Puis, venant à considérer que je n’estois pour demeurer toujours audit couvent, l’envie me prist d’en faire autant pour les autres éveschez de Bretagne, quand je me trouverois assigné dans quelque monastère de leur territoire ; et Dieu, favorisant mes labeurs, à la prière des saints pour lesquels je travaillois, m’assista si bien de sa Providence qu’en trois ans je devins riche en nombre de mémoires, que je rédigeay, par l’ordre du

  1. « On nommait autrefois légendaires, dit le cardinal Richard dans sa Vie de la bienheureuse Françoise d’Amboise les livres qui contenaient l’histoire des saints et dont on faisait la lecture dans les offices publics de la liturgie. Aujourd’hui encore, nous appelons légende la narration abrégée de la vie d’un saint qu’on lit au bréviaire le jour de sa fête. »