Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/86

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Carn, qui guérissent les migraines, les femmes offrent leurs cheveux fraîchement coupés. Saint Maudez, je ne sais pourquoi, se tient pour satisfait de l’offrande d’un balai neuf ; au Faou, saint Antoine prétend sur un pied de cochon (eun troad moc’h) par cochon tué dans la paroisse : on le fume à l’intention du saint et on le dépose devant sa statue le jour du pardon ; à Saint-Pol-de-Léon, l’askoan est une manière de réveillon que les cultivateurs célèbrent en famille le jeudi de la semaine des Quatre-Temps pour commémorer une « envie » de femme grosse que la tradition locale prête à la mère du Sauveur ; à Saint-Nicodème de Pluméliau, dit l’abbé Guillotin de Corson, le dimanche qui précède le pardon, « les trésoriers distribuent aux gens de bonne volonté de petits pots vides que ceux-ci s’engagent à rapporter pleins de beurre le jour de la fête ; aussi appelle-t-on vulgairement ce jour-là le Dimanche des Pots ». L’hommage est parfois plus touchant : tel celui de ces mères qui « s’arrentent » à l’église de leur paroisse pour prolonger la vie d’un enfant souffreteux ou de ces nouvelles mariées qui déposent leur anneau nuptial sur l’autel de sainte Anne et reviennent le dégager après leur délivrance. Quelques saints sont assez difficiles à contenter : à Sainte-Barbe du Faouët, les pèlerins doivent faire le tour de la chapelle bâtie sur une pointe de roc de cent pieds de haut en s’accrochant à des crampons scellés de place en place dans le mur extérieur. Cette gymnastique n’est pas à la portée de tout le monde ; elle est dangereuse par surcroît. Encore n’atteint-elle point en horreur tragique la ma-