Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/95

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les filles serves de la Horde d’Or et de la Petite Tartarie ?

Où donc est l’unité de cette race ? Dans son âme, répondrai-je avec Michelet, rêveuse, mystique, capable d’élans admirables, impropre à l’action continue, imaginative et spirituelle et n’en aimant pas moins l’absurde, l’impossible, les causes perdues. « Mais si cette race perd en une foule de choses, conclut le grand historien, une lui reste, la plus rare, c’est le caractère. »

On a déjà vu que la langue bretonne subissait, d’un dialecte à l’autre, des modifications importantes. Cela est sensible surtout pour le vannetais, qui reste à peu près incompréhensible aux gens des dialectes voisins. Mais, dans les dialectes mêmes, il y a toutes sortes de variétés sous-dialectales : ainsi le breton de l’île de Batz, étudié par Milin, le breton de Plogoff et du Cap-Sizun, étudié par MM. J. Loth et Francès, le rochois où Quellien voulait voir un argot de nomades, le pleubiannais, dont la morphologie, comme celle de la plupart des « armor », mériterait une enquête spéciale, etc., etc. L’habillement, chez les deux sexes, offre encore plus de variété que la langue. Dans le Goëlo et le Tréguier, il est assez terne : les vieillards portaient bien, dans mon enfance, le chupen ou porpant taillé sur le patron de notre ancien habit à la française[1] ; les femmes, mieux inspirées, ont

  1. Le dernier tailleur de chupen, si j’en crois M. Yves Riou, ancien député des Côtes-du-Nord, serait mort à Ploubezre, près Lannion, il y a une dizaine d’années.