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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/96

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conservé la petite coiffe bouffante en forme de plecten (jubilé), la grande coiffe bi-conique des jours fériés (catiole), le devantier de satinette et le châle à ramages de nuances vives : la « couleur locale » n’est pas poussée plus loin. C’est en Cornouaille qu’il faut aller pour voir de vrais costumes bretons. M. Alfred Beau, conservateur du Musée de Quimper, en a groupé les plus riches spécimens dans une figuration à la manière du Musée Grévin et qui représente une noce bretonne. Je ne vous la décrirai pas : il me faudrait tout le volume. Songez qu’ici le costume diffère entièrement d’une paroisse à l’autre : coiffes et bonnets de tous modèles, fraises et collerettes plissées, tuyautées, godronnées, jupes lourdes et massives bombant à la taille sur un coussinet d’étoupe, justins à fleurs, rouges, violets, orange, galonnés de fin or aux emmanchures et aux parements, et les gilets, les surgilets, les soubrevestes, les chapeaux à chenille, les bragou-braz les saints-sacrements brodés dans le dos, les boutons armoriés, les guêtres de drap jaune, les ceintures de cuir blanc, les souliers à boucles, les cheveux en cadenette et les penn-baz en cœur de chêne ! Telle de ces fermières d’Audierne ou de Pouldergat, dont on a pu dire qu’elle portait toute sa fortune sur le dos, a l’air d’une idole orientale sous la chasublerie qui l’écrase. D’autres, les toutes petites de Bannalec, font songer à des infantes du temps de Charles-Quint et d’autres, comme les mariées de Guéméné, aux dames slaves du temps de Catherine II. Les femmes des Glazic de Briec et du versant sud des Montagnes-Noires, fidèles à la nuance d’où est venu leur surnom, empèsent