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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/97

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leurs coiffes en bleu de ciel et les constellent d’autant de petits miroirs qu’elles ont de centaines de livres de rente. À Ploaré, la coiffe recouvre une mitre en carton (bourleden), dont la pointe s’ébouriffe en panache ; à Fouesnant, elle simule un immense papillon ; à Pont-Labbé :

Les Bigouden à l’œil oblique
Sur leurs crins noirs, rudes et lourds,
Érigent comme une relique
Un mince phallus de velours…

Maurice Barrès qui, d’une brève villégiature à Landrellec, — on y montrera quelque jour la chambre où vous écriviez les dernières pages de Sous l’œil des Barbares mon cher Barrès, — rapporta sur la Bretagne des notes délicieuses, tout un odorant herbier d’impressions, n’a pas manqué de saisir l’infinie variété, la grâce voluptueuse et profonde, le symbolisme persistant de ces singulières parures : « En Bretagne, dit-il, les filles ont de grands fronts dégagés de cheveux et lisses, des yeux profonds qui cherchent à plaire et qui sont timides. Elles savent sourire sans malice. Elles possèdent encore, pour nous séduire, mille coiffures ingénieuses et simples… Ces coiffes charmantes, où les filles de Bretagne, qui aiment tant à danser, mettent leurs rivalités quand elles sont à l’âge d’aimer, font aussi l’orgueil des divers cantons. Jadis comme aujourd’hui, les aïeules étant jeunes et désirées les portaient. Ce sont exactement (pour quelques-unes du moins) les cornettes de l’ancienne France. Et ces Bretonnes, qui, dans leurs parures frivoles, conservent ainsi la tradition et comme le