Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/16

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sait le prendre et se donnera la peine de le garder.

Ainsi la crise que nous traversons pourrait devenir décisive. Malgré tout, je le répète, il est douteux qu’elle touche à l’essentiel de ce peuple et dérange les grands traits de sa physionomie morale. Elle emportera peut-être les superstructures du dogme, le vénérable et doux berceau où il abritait son candide mysticisme, sa foi légendaire en un Au-Delà compensateur : elle ne balayera pas de l’âme bretonne cette maladie de l’absolu, ce tourment voluptueux, ce besoin de se déchirer à toutes les énigmes que nous pose la Destinée. Jusque dans son rationalisme et son radicalisme de fraîche date, la Bretagne restera fidèle à sa vocation qui est de se tromper elle-même et de tromper tous ceux qui l’ont aimée.

Charles Le Goffic.
Rûn-Rouz, le 24 juillet 1908.