Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/209

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communauté galloise est cependant la plus intéressante à étudier, peut-être parce qu’elle présente ce phénomène unique d’une race qui, sans rien abandonner en apparence de son patrimoine de croyances, de langue et de mœurs, s’est pliée avec une admirable souplesse à toutes les conditions de la vie moderne.

Comment s’est fait l’accord ? Fut-il spontané ou s’il y fallut l’exemple, le contact et peut-être la pression lente, méthodique, du génie anglais ? Et, enfin, au prix de quelles concessions a-t-il pu s’établir ? Toutes ces questions avaient leur intérêt. Je ne prétendais point les résoudre au cours d’un voyage de quinze jours dans la Galles du Sud, dont une bonne moitié serait prise par les cérémonies de l’Eisteddfodd ; mais je me liais au hasard pour me permettre de contrôler sur place quelques-unes au moins des observations que j’avais déjà faites à distance.

Nous avions choisi, pour gagner Cardiff, la voie de Southampton-Salisbury-Bristol. L’itinéraire est à retenir. Il n’y a pas de région plus anglaise ou plus normande (c’est tout un) que cette région du sud-ouest comprise entre la Manche de Bristol et les Southampton-Waters. Et, par l’effet du contraste, l’impression n’en est que plus saisissante quand on passe le seuil et qu’on entre de plain-pied en pays celte.

Nous l’éprouvâmes sans tarder. Partis du Havre sur le minuit, nous étions, vers six heures du matin, en vue des côtes anglaises ; mais elles étaient si confuses encore qu’on avait peine à les distinguer du bourrelet de fumée qui cernait l’horizon. Il n’y avait de net au