Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/245

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l’a nullement grisé et sa prospérité industrielle, loin de lui faire perdre le sentiment de ses origines, loin de le livrer au culte exclusif du veau d’or, lui a donné au contraire une plénitude d’assurance, une possession de soi vraiment extraordinaires. Ajoutez que le Gallois est bon loyaliste, mais qu’il est Gallois avant tout. Le mépris que lui a longtemps témoigné l’Anglais, qui le tenait pour un être inférieur, il le lui rend au centuple. Jadis — avant les chemins de fer et le grand rush houiller de 1839 — il n’y avait guère que les maquignons du Monmousthshire et du Sussex qui se risquassent dans la principauté. L’élevage était l’unique industrie du pays. Ces maquignons anglais jouaient près des paysans gallois le même rôle équivoque que les maquignons normands près de vos paysans bretons. À force de se faire « rouler » par eux, les naïfs Gallois ont fini par profiter de la leçon ; c’est au point que les Anglais disent communément que les Gallois sont tous des voleurs. Eh ! pourquoi se sont-ils montrés si bons maîtres et que viennent-ils jeter feu et flamme aujourd’hui si leurs élèves leur dament le pion et sont plus madrés qu’eux en affaires ?