Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/248

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L’une de nos joies, dans ce pays de Galles où tant de choses nous parlaient à l’esprit et au cœur, c’étaient ces vieux noms aux âpres consonnances, dont quelques-uns déjà familiers à nos oreilles bretonnes. Il y a aussi un Pennars près de Quimper, et c’est un lieu sauvage, battu des vents, tout à fait en harmonie avec l’incurable tristesse du ciel breton. Bien différent est le Penarth[1] gallois, tel que l’industrie et les habitudes mondaines l’ont transformé. On peut s’y rendre en railway, mais le mieux est de grimper dans la diligence publique qui fait le service pour trois pence. Les faubourgs franchis, on entre dans une campagne grise, crevassée d’étangs salins. La route file droit entre deux haies d’arbres maigres. La mer ne se devine qu’aux fumées des steamers et à l’enchevêtrement des cordages et des vergues. Des paquets de loques courent après la voiture, font mille sauts en l’air et découvrent parfois, dans ces galipettes savantes, des morceaux de nu singulièrement placés ; ce sont de petits mendiants gallois, dont toute la connaissance de la langue anglaise paraît tenir dans un seul cri :

Half-penny, sir, half-penny !

Après un kilomètre ou deux, le paysage se relève ; de fraîches collines, boisées des essences les plus variées, moutonnent sur l’horizon ; mille cottages s’y blottissent et, pudiquement, de leurs agrestes beautés ne découvrent qu’un bout de toit bleu ou la girouette dorée d’un faîtage.

  1. Pen-Arth, tête d’ours : nom qui lui serait venu, disent les guides, du rugissement de la mer sur la falaise.