Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/299

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est supérieur à ses fils et quelle dépression chez ceux-ci ! Tout de même on a quelque peine à s’expliquer l’origine d’un pareil objet de toilette. Dire que c’est la coiffure la plus appropriée au climat pluvieux du pays n’explique rien. Et le donner aussi comme une coquetterie, un caprice de la mode, paraît excessif. Les femmes, là-dessous, ont l’air de tuyaux de poêle en marche.

Ce qui sauve un peu la disgrâce de cet horrible chapeau, c’est le bonnet en tulle blanc ruché qui frange le front et la nuque et dans lequel court un mince ruban bleu.

Mrs Kichards, à son chapeau, portait l’insigne de Galles, le poireau en nacre, dont les racines sont figurées par une tresse d’argent et les feuilles par un flot de rubans verts. C’est qu’elle-même occupe un rang élevé dans la congrégation des bardes où elle est inscrite sous le nom de Pencerddes y Dé, ce qui veut dire Chef des chanteuses du Sud. Un petit châle rouge était croisé sur sa guimpe et, sous ce châle, on distinguait un corsage de même couleur, mais rayé de blanc. Une jupe et un devantier à raies blanches et noires, des souliers à boucles, de longues mitaines de fil, qui parlaient du coude et venaient expirer comme une frêle écume à la naissance des doigts, complétaient son ajustement, qui était bien tel qu’on l’attendait d’une paysanne. Ce qui en rehaussait le côté un peu rustique et lui donnait vraiment une fière allure, c’était le grand manteau rouge liseré de martre, avec un capuchon doublé de soie noire, qui disposait autour de la musicienne ses plis harmonieux.