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comme une église, lambrissée de pilastres, de colonnes, de chapiteaux et d’entablements, avec une galerie intérieure qui faisait jubé et dont nous ne nous expliquions pas d’abord la destination. Ce hall lui-même ouvrait de plain-pied sur un grand salon meublé des pièces les plus rares, décoré de tableaux, de statuettes et de faïences émaillées, dont la merveille est une faïence à l’effigie de Nell Gwyn (Nell la Blanche), la célèbre favorite galloise de Charles II. Une deuxième porte donnait sur la bibliothèque qui n’a point sa pareille dans toute la principauté et qui contient, entre autres spécimens de l’art indigène, le coffret en bois de chêne où dorment, gardés par leurs massifs fermoirs en fer forgé, les antiques manuscrits kymriques provenant de la succession d’Iolo Morganwg. C’est ce Morganwg qui fut, comme on sait, l’un des trois restaurateurs des Eisteddfoddau. De grands portraits de famille, d’autres de Guillaume III et de Cromwell, un autre signé Michel-Ange, attirèrent notre attention. Mais la bibliothèque est surtout riche en vieux recueils de musique galloise. Nous n’avions qu’un regret : c’est que le temps nous manquât pour étudier de près toutes ces merveilles.

La châtelaine s’empressait autour de nous avec sa bonne grâce habituelle. Elle ouvrit une vitrine, y prit une grande liasse de papiers nouée d’une faveur verte, — la couleur bardique.

— Tenez, nous dit-elle, lisez ce paquet de lettres : c’est toute la correspondance échangée entre ma mère et ceux de vos illustres compatriotes qui vinrent la voir en 1838, lors de l’Eisteffodd d’Abergavenny, où