Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/35

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parties n’évoluent pas toutes avec la même rapidité », des politiques à courte vue ont compromis en un jour les résultats de trente années de patience, de sagesse et de modération. À chaque élection nouvelle, la Bretagne se donnait un peu plus à la République, mais elle entendait se donner de plein gré, librement, sans violence. Les gendarmes ont tout gâté. Ces rudes gardiens de l’ordre et de la propriété ne s’indiquaient point nécessairement pour l’emploi de bazvalaned (truchements d’amour) : l’ombrageuse pennerez s’est méfiée d’un régime qui, voulant lui témoigner de son empressement à régulariser leur union, ne trouvait pas de procédé plus galant que de l’assigner en police correctionnelle…

Ainsi tout est à recommencer en Bretagne. Les anciens partis y ont fait leur temps et ceux qui aspiraient à les remplacer n’ont pas su garder leurs positions. C’est ce qui explique que tandis qu’au spirituel le Breton, fortement encadré par ses prêtres, présente une masse homogène et compacte qu’aucune disposition législative n’a pu entamer, la même cohésion ne s’observe pas dans la vie civile où le Breton, livré à lui-même et ballotté d’une opinion à l’autre, en est encore à chercher le vent comme au premier jour.

Je crois bien que le rêve de Jaffrennou, son ambition inavouée ou dont il n’a fait la confidence qu’à quelques intimes, serait justement de l’aider à trouver cette direction. Mieux que personne il connaît sa race, qui n’est point la race féodalisée, à compartiments sociaux rigoureusement étanches et incommunicables, que se plaisent à représenter certains journalistes. En