Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quiller les yeux, je n’apercevais aucune trace de murs, mais seulement un énorme mamelon artificiel, tout hérissé de sapins, de hêtres et de chênes de haute venue, et que son isolement dans la plaine faisait paraître plus énorme encore.

Un petit sentier en lacis, fort abrupt et glissant, courait autour du tumulus. Nous y grimpâmes vaille que vaille. Çà et là, en écartant les ronces et le lierre, mon guide me faisait remarquer des fragments de colonnes, l’arc d’une poterne. Mais nulle part le dessin de la construction n’apparaissait avec netteté. L’esplanade supérieure, où nous atteignîmes après d’assez longs détours, montrait seule quelques pans de murs à hauteur d’appui. On y avait planté un grand mât de navire avec ses cordages et ses vergues : mais le plus curieux et dont je n’ai pu trouver l’explication est qu’à un endroit de cette esplanade l’herbe était toute piquée de roseaux et de joncs décelant la présence d’une nappe d’eau souterraine. De l’eau à cette hauteur ! Visiblement nous nous trouvions au pied de l’ancien château à qui l’esplanade servait d’assise et dont le tumulus lui même n’était que le gigantesque piédestal. Il en subsistait encore, du siècle dernier, des murs qui atteignaient quarante pieds de haut. Mais, contrairement à la tradition, ces murs n’appartenaient pas à l’ancienne tour d’Artur : celle-ci avait été remplacée par un château normand ; elle devait être bien plus élevée d’ailleurs, si tant est que de sa plate-forme on apercevait le canal de Bristol et les voiles blanches qui cinglaient vers la mer.

La légende a tout mêlé. Les Romains, Artur, la