Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ingénieux prologue de la seconde journée ainsi que le « bouquet »[1] sont de la façon personnelle du bon fournier qui s’excusait modestement de n’avoir su mieux faire, étant un homme simple, « léger de science et mince d’esprit » :

Dister enn he sludi hag izel a spered…

Les meilleurs sujets de la troupe bretonne qui figura en 1867 au Congrès celtique international de Saint-Brieuc, Pierre Huon, Jean Guélou ou Le Guélou, etc., étaient originaires de Pkizunet. À diverses reprises, notamment en 1875 et en 1878, des représentations de Pever Mab Aymon furent données au bourg même de Pluzunet, dans la cour close d’une hôtellerie. Et c’est pareillement de Pluzunet et de Plouaret que sortaient les acteurs qui jouèrent à Morlaix, en 1888, le mystère de Sainte-Tréphine. Quelques-uns de ces braves komedianchers sous les neiges de l’âge ont encore bon pied, bon œil, et, au premier signal, m’assure-t-on, leur compagnie se reformerait et aurait tôt fait de combler ses vides. Grandie parmi eux, spectatrice assidue de leurs joutes littéraires, Marguerite Philippe, dans ce milieu tout imprégné de la forte poésie des primitifs, ne pouvait que développer son penchant naturel pour la vie contemplative. Sa mère possédait elle-même un répertoire de gwerz assez étendu : elle chantait en tournant son rouet, et la mémoire de l’enfant, quasi mécaniquement, enre-

  1. Nom donné en breton aux épilogues.