Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans l’affaire ou il faudrait donc — Mme de Boisanger y a-t-elle réfléchi ? — que l’anticléricalisme s’appelât ici la probité historique, le souci, la passion du vrai. Je sais, pour ma part, de très bons catholiques qui ne se résignent point à prendre le Barzaz-Breiz pour un texte révélé. Mais on conçoit très bien l’intérêt que pouvait avoir une certaine école de diascévastes armoricains à faire dévier sur le terrain politique et religieux un débat purement philologique à son origine et qui doit rester, qui restera pour tous les esprits impartiaux, exclusivement philologique.

Le 28 octobre 1835, un journal de Paris, le Courrier Français, annonçait que « M. Delaville-Marqué (sic), attaché à l’École des Chartes, venait de retrouver dans une église des Montagnes-Noires, près de Morlaix, les poésies de l’ancien barde Quin-Clan, le Merlin des Bretons ». La nouvelle fit du bruit. Une note, peu après, informa le public que le manuscrit de Quin-Clan avait « été aussitôt perdu que retrouvé. » Et l’on n’aurait peut-être jamais eu la clef de ce mystère si M. de La Villemarqué, dans l’intervalle, ne s’était décidé à publier le Barzaz-Breiz dont il eut été malaisé, en effet, de mettre toutes les pièces au compte d’un barde « du Ve ou du VIe siècle ».

Hélas ! Le simple rapprochement de ces faits ne parle-t-il pas assez haut et qu’est-il besoin encore de l’aveu indirect retrouvé dans les papiers posthumes de Luzel et publié récemment par M. Le Braz : « L’abbé Henri et l’abbé Guéguen, recteur de Nizon, auraient, d’après M. de La Villemarqué lui-même, établi les textes bretons du Barzaz-Breiz. Je le tiens de la