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UNE IDYLLE SUR UNE GRAMMAIRE
BRETONNE




À Émile Claeys.


Les grammaires sont des livres graves, sévères, compassés, qui n’ont point pour accoutumé d’abriter des idylles et il fallait que ce fût une grammaire bretonne qui dérogeât la première à ces habitudes d’austérité. Maurice Le Dault, grand fureteur et de flair étonnamment subtil, dénicha celle-ci je ne sais où. Reliée en veau, jaspée sur tranches, elle portait, avec le millésime de 1738, la firme de Julien Vatar, imprimeur-libraire à Rennes, au coin des rues Royale et d’Estrées.

L’année 1738 est une date considérable dans l’histoire de la langue bretonne : cette année-là parut la première édition de la Grammaire françoise-celtique du P. Grégoire de Rostrenen[1]. Et précisément c’est d’un

  1. Mais déjà Grégoire avait publié son œuvre capitale : Dictionnaire françois-celtique ou françois-breton, nécessaire à tous ceux qui veulent traduire le françois en celtique ou en langage breton pour prêcher, catéchiser et confesser, selon les différents dialectes de chaque diocèse ; utile et curieux pour s’instruire à fond de la langue bretonne et pour trouver l’étymologie de plusieurs mots françois et breton, de noms propres de villes et de maisons (Rennes, Julien Valar, 1732, in-4o.)