UN VOYAGEUR ITALIEN
EN BRETAGNE AU XVIe SIÈCLE
Il est bien vrai, comme dit M. Henry Cochin, que,
pour nous donner une image vivante et réelle de la
France dans les siècles passés, rien ne vaut les notes
des voyageurs. Que ne devons-nous pas à Young, à
Locatelli, à l’abbé Rucellaï, au cavalier Marin et
même à Sterne ? De toutes ces notes, de tous ces récits,
dûment colligés et rassemblés, on composerait
sans peine une abondante bibliothèque dont il serait
loisible ensuite, comme le souhaitait Gaston Paris,
d’« extraire le suc » dans un petit volume portatif,
vade mecum, bréviaire de poche des « Français qui
pensent » — et même de ceux qui, ne pensant pas,
ont d’autant plus besoin de gens qui pensent pour
eux.
Le carnet de voyage de don Antonio de Beatis occuperait assurément une place de choix dans cette bibliothèque. Il faut savoir gré à Pastor de l’avoir publié (il dormait jusqu’en 1893 dans les réserves de la Napolitaine) et à Mme Robert Havard de la Montagne de l’avoir si diligemment traduit. M. H. Cochin, qui a enrichi l’édition française d’une savante préface, remarque avec beaucoup de sens que les notes des Allemands sont généralement toutes théoriques et dénuées d’intérêt ; l’Anglais, toujours exigeant, présente l’image de ce voyageur éternellement mécontent, dont Sterne fera, au dix-huitième siècle,