Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

UN PÈLERINAGE AUX ROCHERS.



À André Hallays.


Vitré, qui mêle à un rude passé féodal tant de gracieux souvenirs de la Renaissance, n’est point absent des Lettres de la marquise : les Sévigné y avaient leur « tour », qu’on a rasée et qui n’était point qu’une tour, mais un grand logis seigneurial avec cour et jardin et des appartements assez vastes pour que la marquise y pût recevoir « toute la Bretagne » quand les États se tenaient à Vitré. La ville n’est qu’à une petite lieue et demie des Rochers et, même avec les chemins mal accommodés du temps, ce n’était qu’une promenade de s’y rendre. Madame de Sévigné y venait donc assez souvent et tantôt pour ses intérêts et s’entendre avec les fournisseurs, tantôt pour ses dévotions et « gagner le jubilé », tantôt en visite de cérémonie et pour faire sa cour à la « bonne » princesse de Tarente. Mais, sauf à l’époque des États, où il fallait bien qu’elle payât de sa personne et qui mettaient Vitré sens dessus dessous, au point qu’il semblait que « tous les pavés fussent métamorphosés en gentilshommes », elle y séjournait guère et, à peine arrivée, reprenait le chemin de ses « chers » Rochers.

Nous l’y suivrons, si vous le voulez bien. Plus constants que Vitré, les Rochers sont encore tout pleins d’elle. Le domaine qui, par retour de dot, a passé