Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/113

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des Simiane aux Hay des Nétumières, n’est point tombé en des mains mercenaires et le culte de Madame de Sévigné prend ici le touchant caractère d’une tradition de famille. N’en croyons point cette méchante langue de Charles de Mazade qui racontait qu’un jour, il n’y a pas si longtemps, un héritier lointain et direct de la marquise se plaignait tout haut des curiosités indiscrètes que lui attiraient les « paperasses » d’une telle aïeule. Nulle demeure célèbre n’est plus accueillante, plus exquisément hospitalière que les Rochers. J’en prends à témoin tous ceux qui comme nous, sans autre titre que leur admiration pour la marquise, ont eu l’honneur d’y être reçus par Madame la comtesse Yvan des Nétumières ; le précieux souvenir qu’ils ont gardé de leur visite aux Rochers reste intimement associé à celui de la femme charmante et distinguée qui voulut bien se faire, leur cicérone et dont la parole fine, spirituelle et renseignée, témoignait assez que ce ne sont pas seulement les avantages de la naissance qui sont héréditaires chez les descendants de Madame de Sévigné.

C’est à l’automne qu’il faut voir les Rochers. Nous y arrivâmes justement par un de ces « beaux jours de cristal » qui faisaient les délices de la marquise et dont la transparence a « quelque chose de merveilleux ». Ils sont plus fréquents ici que dans le reste de la province : la Bretagne est déjà presque angevine à Vitré, Madame de Sévigné le savait, et, aux gens qui la plaignaient d’habiter une région aussi humide, elle répliquait du tac au tac :

— Humides vous-mêmes ! Les Rochers sont sur une hauteur !