Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/114

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Le domaine doit son nom à un amas de grandes roches gréseuses qui se voyaient à l’ouest des parterres et qu’on a nivelées il y a quelque cent ans. Passé la chapelle Saint-Etienne, aujourd’hui désaffectée et qui fut peut-être un prêche de réformés, la route qui y conduit s’engage sous la futaie. Rafraîchis par une averse nocturne, ces vieux arbres exhalaient une odeur terreuse et puissante ; le fin clocher d’Etelles pointait entre leurs frondaisons, de ce vert « mêlé d’aurore et de feuilles mortes » dont notre connaisseuse disait que cela ferait une « étoffe admirable » ; un chapelet d’étangs et « une petite rivière » luisaient par échappées au creux d’un vallon. Mais, sur le point d’y descendre, la route prit à droite, monta, décrivit une courbe légère et nous déposa sur une large esplanade en forme de rectangle ouvert qu’on appelle la cour verte et qui était autrefois la place Madame.

Là se trouvaient, au temps de la marquise, « le jeu de paume, le manège à travailler les chevaux, les logements pour le receveur et la grande grange avec le pressoir et autres commodités ». Tous ces bâtiments ont disparu, remplacés par des communs plus modernes. Disparu aussi l’appareil féodal d’antan : « défenses, canonnières, fortifications, hautes murailles, fossés, grand portail ». Mais le manoir lui-même, qui occupe deux des côtés du rectangle, n’a pas bougé et Madame de Sévigné s’y retrouverait tout de suite chez elle.

Voilà ces deux ailes en équerre aux grands toits plongeants, aux mansardes en plein cintre, « avec leurs grosses tours et tourelles » que coiffent de si élégants capuchons d’ardoises bleutées. On a cependant, au XVIIIe siècle, ajouté un corps de bâtiment à l’aile droite et, plus récemment, le perron d’entrée,