Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/118

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sûr, mais chez les Nétumières de la branche cadette, au Chatelet, où l’ont exilé des partages de famille.

À défaut de la table, on nous présente l’écritoire de l’illustre épistolière, une riche écritoire en cuivre émaillé, exposée sous une vitrine avec d’autres souvenirs d’inégale valeur, dont les plus précieux sont la bourse de Madame de Sévigné, le livre de comptes de Pilois, arrêté au 16 novembre 1671 et paraphé par la marquise, enfin un cahier de « morceaux choisis » où l’on a voulu reconnaître son écriture de jeunesse et qui contient d’abondants extraits en vers et en prose des auteurs de l’époque.

Que tout cela parle aux yeux et à l’esprit ! Et comme on serait peu étonné, dans cette pièce inhabitée et où l’on croit sentir pourtant comme une présence invisible, de voir tout à coup la marquise écarter les tentures et se révéler à ses visiteurs !

Ils révoqueront mieux encore dans ses bois : elle y coulait, à vrai dire, la moitié de son temps, levée à huit heures et tout de suite « les pieds dans la rosée », passant d’une allée à une autre et de la Sainte-Horreur à la Solitaire ou à l’Humeur de ma fille, pour s’arrêter enfin au bout de son Mail et y goûter le plaisir de « jouir de soi-même », sans trop craindre les rhumatismes, sous l’un de ces petits kiosques couverts en chaume qu’elle appelait ses « brandebourgs », sa « vermillonnerie », et dont il subsiste un charmant spécimen dans la Capucine de la Motte à Madame.

Les allées ont gardé les noms que leur donna la marquise et, si ce ne sont point les mêmes arbres, ce sont au moins les mêmes essences qui y répandent