Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/170

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John Knox bas-breton. Celui-ci ne s’est pas présenté : le Léon est resté catholique, mais avec je ne sais quoi de roide et de sombre qui s’est encore aggravé chez Souvestre et qui le disposait à chercher dans une foi étrangère les satisfactions morales qu’il ne trouvait plus dans la sienne.

Entendons-nous. M. Marcel Guieyesse, dans une communication récente au Fureteur Breton, certifiait que Souvestre, tout en « évoluant un peu vers le milieu protestant, ne dut certainement pas y adhérer officiellement, ni définitivement », — ce qui n’empêche pas que ses enfants reçurent une « éducation protestante » et que lui-même fut enterré par le pasteur Paschoux.

L’adhésion tacite au protestantisme est donc patente, à défaut de l’adhésion écrite, et l’on n’a point ici à en faire un grief ou un mérite à Souvestre, qui fut, en tout état de cause, un homme d’une exceptionnelle moralité et d’une admirable dignité de vie. Nous concevons sans peine que les deux Coquerel aient été jaloux d’annexer à leur église une recrue de cette qualité. Le malheur est — et c’est le seul point de vue auquel nous avons voulu nous placer — que tout ce que la cause réformée gagnait chez Souvestre était perdu pour la Bretagne et pour Souvestre lui-même, qui n’était plus dans les dispositions requises pour comprendre ses compatriotes. Le malentendu ne fit que s’aggraver avec l’âge. Après plus d’un demi-siècle, il n’est point complètement dissipé. À Morlaix, sa ville natale, Souvestre n’a ni une statue ni un buste. C’est tenir un peu trop rigueur, vraiment, à un homme dont il est permis aux catholiques de regretter la défection et qui en porta tout le premier la peine, mais dont on ne saurait contester ni l’élévation ni la sincérité et qui,