Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/183

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plus à compter ses victimes. Un érudit breton, M. Théophile Janvrais, dernièrement, voulut tirer au clair cette légende de l’opulence ancienne des Villiers.

« Il était de tradition dans la famille Villiers, dit-il, que celle-ci avait été dépossédée par la Révolution d’une fortune considérable. Il n’est donc pas surprenant que, par la suite, les biographes du grand écrivain, impressionnés par les récits captieux qu’enfantait sa féconde imagination, aient pu attribuer, comme propriétés authentiques, différents manoirs bretons à Villiers de l’Isle-Adam et à ses ancêtres ».

En fait, M. Janvrais l’a démontré, pièces en mains, tous ces manoirs se réduisaient à un. Et quel manoir ! Une minable bâtisse paysanne, longue, laide, grise, à laquelle le cintre de sa porte et les meneaux d’une demi-douzaine de fenêtres Renaissance s’essaient vainement à donner quelque grâce. Il est vrai que Penanhoas — c’est le nom du manoir — est aujourd’hui tombé en roture ; un fermier y habite ; la chapelle a été rasée ; une aile du corps de logis est détruite. Mais, avec la meilleure volonté du monde et quand on aurait l’imagination de Villiers lui-même, il serait difficile de prêter un air seigneurial à cette gentilhommière mesquine, bonne tout au plus pour abriter un petit « faisant valoir ».

Il faut en faire notre deuil : toute la richesse des Villiers de l’Isle-Adam était dans leur cerveau ; c’est là que gitait leur vraie fortune, et non dans les souterrains et les pans de mur où le père de l’auteur des Contes cruels s’obstinait à la chercher. Le peu d’argent qui lui restait se consuma dans ces entreprises extravagantes. Les décombres féodaux que