Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/184

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fouillait le pic de cet halluciné ne lui livrèrent que des nids de chouettes et d’orfraies ; les souterrains ne se révélèrent abondants qu’en vipères.

Mais la folie du vieux Villiers se transmit à son fils qui demeura toute sa vie en proie à l’obsession de l’or, — l’or des chevaliers de Rhodes mystérieusement enfoui, par le dernier grand-maître, dans un de ses trente-six châteaux de Bretagne. Axel, le Vieux de la Montagne, ne sont que l’adaptation dramatique du rêve paternel. Et c’est ce rêve encore que Villiers mettait en action quand il se portait candidat au trône de Grèce. Les journaux du temps prirent sa candidature pour une mystification. Ils étaient loin de compte : jamais Villiers n’avait été plus sérieux. Personne ne lui aurait ôté de la tête que, sans la jalousie inexplicable de Napoléon III, qui l’avait attiré aux Tuileries avec l’intention bien arrêtée de le faire étrangler par les sbires du duc de Rassano — tentative qu’il déjoua par une prompte retraite —, cette candidature eût obtenu l’assentiment des grandes puissances européennes. Vieilli, malade, sans ressources, ce demi-génie, sur son grabat de Montmartre, continuait de caresser sa chimère. Dans son agonie il jonglait avec les millions ; il croyait avoir mis la main sur le trésor de l’Ordre…

Pauvre Villiers ! M. Janvrais nous apprend ce qu’il faut penser de ces divagations : tout l’apanage de la branche bretonne des l’Isle-Adam consistait en un castel branlant, sis au pays de Lopérec, dans la plus pauvre partie de la Cornouaille finistérienne ; encore lui était-il échu par alliance. Et cette révélation, il faut bien le dire, ne nous diminue pas Villiers. Elle nous le rendrait plutôt sympathique. Espérer contre tout espoir, croire contre toute raison, élever jusqu’au bout la protestation du rêve contre