Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/197

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Jugement assez dur pour Corbière, au premier abord. Prenez garde cependant que, sous sa phraséologie impressionniste, il lui accorde tout l’essentiel, la spontanéité, l’énergie, la beauté du cri ; ses fortes restrictions ne surprennent que par comparaison avec le long dithyrambe de Verlaine, dont il est contemporain, ce qui le fait antérieur de plusieurs années à la réédition de 1891. Et c’est ce jugement un peu trouble, dont on ne peut pas dire qu’il soit complètement injuste, ni qu’il soit complètement équitable, parce qu’il est beaucoup trop général, qui ralliera la plupart des lettrés et le public lui-même, admis enfin à pénétrer dans l’œuvre du poète autrement que par des citations habilement choisies. L’un des hommes qui, avec le moins de dispositions indulgentes, ont le mieux et le plus profondément parlé de Corbière depuis qu’il nous a été restitué, Rémy de Gourmont, écrira, par exemple, que son « talent » est un composé d’esprit vantard, de blague impudente et d’à-coups de génie. Le génie est-il donc monnaie si courante qu’on ait le droit d’en faire fi, même à l’état d’alliage ? Mais la vérité je crois, est qu’il importe de distinguer dans l’œuvre de Corbière et que l’incertitude de la critique sur la valeur de cette œuvre vient en grande partie de ce qu’elle a confondu des choses très différentes d’inspiration et d’accent.


II.


Le recueil de Corbière comprend sept groupes de pièces qu’on pourrait aisément ramener à deux : dans le premier groupe on rangerait les pièces sentimentales, gouailleuses et généralement parisien-