Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/225

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préférez, des Français habillés en Bretons ; lettrés de collège ou de séminaire, sauvageons dégrossis par la culture française, ceux même d’entre eux qui n’avaient pas vécu à Paris avaient senti au fond de leur province les atteintes du romantisme. La Bretagne, au lieu de se révéler à eux directement, leur apparaissait à travers Baour-Lormian et Marchangy. Qui dira les réactions de l’ossianisme sur ces premiers essais de la muse armoricaine ? Et je veux bien que le terrain chez nous y prêtât ; j’accorderai même, si l’on veut, que la part d’invention personnelle chez la Villemarqué (comme chez Macpherson d’ailleurs) fut plus réduite qu’on ne l’a dit. Sa poésie, malgré tout, reste celle d’un arrangeur, d’un « truqueur » ; elle sent l’huile, tandis que, chez Prosper Proux, même quand il transposait La Fontaine, langue, cœur et cerveau, tout était naturellement et spontanément breton[1].

  1. À propos de ce qui est dit plus haut sur le doctorat de l’Université. M. Jaffrennou me fait observer que la soutenance d’une thèse écrite en breton ne se passe pas en breton, mais obligatoirement en français. De plus, elle est agrémentée de questions diverses sur trois sujets en dehors de la thèse. Il faut donc savoir quelque peu de français (oui, mais on peut ignorer le latin et le grec) pour aspirer au doctorat es lettres d’Université ; il faut aussi, et c’est une condition sine qua non avoir été inscrit dans une Faculté de l’État pendant trois années consécutives. Ce sont là des choses qu’il est bon de dire et répéter pour n’induire personne en erreur. Enfin il serait bon d’ajouter, pour l’honneur de la Bretagne, que, seule des langues parlées en France, outre le français, le celtique a été admis à l’écrit pour ce doctorat ». Dont acte.