Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/228

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Celtes sont tous des romantiques, si même ce n’est pas l’un d’eux qui a inventé le romantisme. Leur royaume est le rêve. Ces idéalistes assez mal nommés font, en réalité, très bon marché des idées et ne sont à l’aise que dans le sentiment. Mais quels effets ils en tirent ! Vous le verrez dans les poésies bretonnes de Quellien. Ce n’est pas assez dire qu’il vivait avec sa nostalgie : il en vivait. On voulut, à diverses reprises, le nommer archiviste en Bretagne. Il refusa, presque avec indignation. Il avait raison. « Eh quoi ! s’écrie un personnage de Gondinet, vous aviez un volcan, et vous l’avez laissé s’éteindre ! » Quellien n’était point si sot : il entretenait sa nostalgie avec autant de zèle que d’autres, en apportent à s’en guérir. L’un des mots les plus profonds qu’on ait dits de la race celtique, c’est que cette race a su faire un charme de sa souffrance. L’explication du mystère est là. Les Celtes eurent toujours le goût des larmes. Au fond cette nostalgie de l’excellent barde lui était une jouissance supérieure : on était vraiment mal venu à lui demander d’y renoncer.



Un autre thème de Quellien et dont il jouait en grand virtuose, c’était le pressentiment de sa fin prochaine et du déclin de la race celtique elle-même.

Sur le premier point, il ne se trompait guère, hélas ! puisqu’il mourut relativement jeune et de la plus horrible des morts, écrasé par une automobile que montait M. Agamemnon Schliemann. Mais il s’abusait un peu sur la gravité des dangers qui menacent la race celtique et qui ne sont ni si grands