voulant un prélat, ils se résignèrent à le prendre homme d’esprit, savant et roturier.
Il apparaît bien aujourd’hui qu’on peut être l’un et l’autre, et prélat de surcroît, sans nourrir de ténébreux desseins contre le Saint-Siège et la tradition catholique. Les Goncourt écrivaient, un jour, à Flaubert : « Vous nous demandez pourquoi nous n’avons pas l’air rigolo dans nos lettres ? La réponse est bien simple : c’est que nous ne sommes pas rigolos pour un sou. » Les Goncourt étaient nés tristes, comme Mgr Duchesne était né gai. Il était Breton, pourtant, mais Malouin, ou plutôt Servannais, ce qui y ressemble fort. J’entends bien que Chateaubriand et Lamennais sont aussi Malouins et que, s’ils furent gais, ceux-là, c’est donc de cette gaieté de fossoyeurs dont parle quelque part Sainte-Beuve. Les races actives sont rarement mélancoliques, et l’exception de Lamennais et de Chateaubriand ne prévaut pas contre un trait de caractère affirmé par vingt autres Malouins ou Servannais illustres.
« Issu d’une lignée de marins bretons toujours prêts à monter à l’abordage ou à lutter avec la tourmente, dit Mme d’Habloville, Louis-Marie-Olivier Duchesne naquit dans les brumes matinales d’une fin d’été, alors que son père pêchait la morue sur les bancs de Terre-Neuve. Une sœur, plus âgée que lui, seconda sa mère dans les soins de la première enfance. Novice en ses essais de puériculture, la jeune fille s’effrayait, tâtant le crâne de son petit frère, d’y trouver des protubérances excessives. Elle craignit une maladie du cerveau ; le médecin de la famille, consulté, la rassura. Palpant les bosses incri-