Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les Fustel, s’il en est encore, languissent aujourd’hui dans les honneurs obscurs de quelque Université provinciale, quand ils ne sont pas recueillis par l’Institut Catholique, comme Branly, ou par la Société des Conférences, comme Brunetière. Mais Bersot lui-même, où serait-il ? Quelle serait sa place dans l’Université de ce temps ? À l’homme, à l’éducateur humaniste qui professait que « l’Ecole Normale n’est pas l’Ecole des Chartes » et que « ce qui importe, c’est de former des esprits justes et ouverts en protégeant la culture générale, les facultés contre la menaçante invasion des connaissances, » quel ministre oserait confier la direction d’un de nos grands établissements d’instruction supérieure ? Et enfin, puisque le langage des guerres civiles est devenu celui des discussions parlementaires, de quel côté de la barricade pense-t-on que se trouverait aujourd’hui le « saint » laïque de la rue d’Ulm, le chef, l’apôtre, le martyr qui incarna le plus haut idéal universitaire de la troisième République ?[1]

Toutes ces questions, ce n’est pas M. Hémon qui les pose, c’est son lecteur. Et peut-être vaut-il mieux que les chose soient ainsi. Il est superflu de louer l’écrivain qu’est Félix Hémon : son livre est un modèle d’atticisme ; c’est aussi un modèle de tact, admirable par tout ce qu’il dit et plus admirable encore par tout ce qu’il ne dit pas et qu’il suggère.

  1. Nous rappelons que ceci fut écrit en 1911, longtemps avant qu’une évolution heureuse de l’opinion et la dure leçon de l’expérience eussent permis à M. Léon Bérard de reprendre la tradition de Bersot, de restaurer les humanités et d’installer à la Sorbonne l’homme qui avait porté les plus rudes coups à la spécialisation et aux fiches : l’admirable Pierre Lasserre