Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

De l’héritage de Bersot, de son œuvre universitaire, du large esprit dont il l’avait animée, il ne reste à peu près rien au bout d’un quart de siècle. Et Bersot croyait peut-être avoir bâti pour l’éternité !

Jamais démenti plus cruel ne fut donné à l’optimisme candide d’un libéral. Nous sommes presque tentés de sourire aujourd’hui en lisant chez Bersot :

« Il y a une chose que la France, qui tolère bien des choses, ne tolérera jamais, c’est l’intolérance ». Ou bien : « Toutes ces violences contraires (des partis extrêmes) vont à nous faire deux Frances, et nous n’en voulons qu’une ». Ou encore : « On ne détruit pas une injustice par une injustice, mais par la justice ». Combien le pessimisme de Schérer, ce Renan plus sombre du protestantisme, comme l’appelle M. Hémon, était mieux averti : « Ce qui manque à la France, c’est la notion même de la liberté » !

Cette notion, du moins, ne manquait pas à l’Université de 1880 et il convient d’ajouter que Bersot n’avait rien oublié pour la fortifier en elle. Toute son action et son exemple personnel n’avaient tendu qu’à cette fin. N’oublions pas que Bersot avait combattu l’obligation en matière d’enseignement primaire, « persuadé, dit M. Hémon, qu’il ne faut point essayer de faire par les lois ce que les mœurs font toutes seules ». Plus tard, dans deux articles des Débats, on le voit qui soutient, par des arguments tirés du fond même de la doctrine républicaine, le principe de l’inamovibilité des fonctionnaires. Il y avait déjà quelque mérite à prendre cette attitude en 1879, au moment où la politique de parti s’essayait à corrompre les sources du haut enseignement et où le grand Fustel, suspect de cléricalisme, ne devait qu’à l’intervention de Bersot de n’être pas écarté de la chaire créée pour lui à la Sorbonne.