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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/314

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traits, recueillis dans la description de Chateaubriand, peuvent convenir aussi bien à l’une qu’à l’autre des trois Bretagnes : la Bretagne du Nord-Ouest, où l’on parle la variété dialectale du celtique connue sous le nom de breton armoricain ; la Bretagne du Sud, dont Nantes est la métropole ; la Bretagne de l’Est et du Centre, qui correspond à l’ancien comté de Rennes, agrandi du Vitrélais, du Penthièvre et du Porhoët et tel ou à peu près que l’avait constitué, dès la fin du Xe siècle, le duc Geffroi Ier.

Ces deux dernières Bretagnes, depuis longtemps, ne parlent plus que le français ou, comme on dit là-bas, le « gallot » : mais nombre de leurs villages et de leurs bourgs portent encore des noms bretons, reconnaissables aux préfixes en tré, en plou et en lan ; les « pardons » y font défaut, mais on y tient toujours des « assemblées » et des « louées », comme cette foire aux Terreneuvas où se fait, en rompant le pain sur une table d’auberge, l’embauchage des hommes pour la grande pêche[1] ; le costume masculin s’y est banalisé, sauf dans le Fougérais, où les paysans, l’hiver, sur leurs gilets, passent encore le sayon en poils de chèvre de leur homérique ancêtre Marche-à-Terre : mais il reste quelque chose des élégantes vêtures d’autrefois dans les guimpes et les châles des femmes, dans leurs « devantières » de satin crème ou lilas et leurs ceintures de moire à boucle d’argent, dans leur coiffe surtout, d’une richesse et d’une variété extraordinaires, tantôt architecturale comme la mitre de Miniac-Morvan, tantôt amenuisée, réduite aux proportions d’un petit carré de dentelle guère plus large que la main, comme la « polka » des environs de Rennes — la plus petite

  1. V. notre livre : Les Métiers pittoresques.