Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/315

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coiffe de Bretagne —, tantôt éployée à la façon d’une grande paire d’ailes stylisées dont les extrémités se recourberaient en volutes, comme dans les campagnes de Saint-Brieuc, tantôt adoptant cette forme de conques marines qu’on voit aux sveltes cancalaises de Feyen-Perrin. Si vous voulez boire du cidre, du vrai cidre breton, doré, sapide et doux-fleurant, vous ne pouvez être mieux servis qu’à Lamballe ou qu’à Plouer, dont les crus valent ceux de Fouesnant. Et quel beurre de Bretagne serait comparable à celui de la Prévalaye, qui faisait les délices de Me de Sévigné ? Laënnec, dans la préface de sa Moutarde celtique, comptait au nombre des mets qui ne dépareraient point une table divine les poulardes de Rennes, les huîtres de Cancale, les miches de Guichen, les laitages de Fougères et ces fameuses brioches « qui naquirent sans doute à Saint-Brieuc, comme le démontre l’origine du mot », de même que les pralines, « blanches, brunes, roses, lilas », furent « inventées dans les fêtes de Lorge pour les seigneurs du lieu, nos braves et généreux Praslins. » Il n’est bon sel que de Guérande, comme il n’est fines aloses qu’en Loire et loyal muscadet qu’à Nantes. En vérité non, la Haute-Bretagne, pour reprendre l’ancienne appellation, moins exacte, plus commode que la division tripartite des géographes, n’a rien à envier sur ce chapitre, ni sur beaucoup d’autres, à la Basse. Et peut-être même, quelquefois, l’avantage lui reste-t-il : Lokmariaquer possède le géant des menhirs, le Men-er-H’roech, haut de 22 mètres, mais il git à terre en quatre tronçons, tandis que la pierre levée du Champ-Dolent, près de Dol, qui mesure 9 mètres 30 d’élévation, 8 mètres 70 de tour et qui plonge à 7 mètres dans le sol, commande encore les solitudes de Carfantain.