Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/331

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ges merveilleuses, une chronique complète de la cour des Valois écrite dans la pierre par des « maîtres d’œuvres » et des tailleurs d’images qui ne portaient pas tous des noms en i, comme on l’a cru longtemps, et s’appelaient bravement Viard, Coqueau, Gourdeau, Nepveu, Philibert Delorme et Michel Colomb.

Il n’est pas indifférent de noter que l’un de ces artistes, le dernier et le plus grand peut-être, avait vu le jour « au diocèse de Saint-Pol-de-Léon ». Par lui, comme par la souveraine qui l’appela auprès d’elle et qui était cette petite « Brette » nostalgique et têtue qu’épousèrent successivement Charles VIII et Louis XII, la Bretagne prit une part glorieuse au mouvement de la Renaissance française. Mais chez elle, soit paresse d’esprit, soit fidélité à la tradition, cette même Bretagne continua, presque jusqu’au milieu du XVIe siècle, d’employer dans ses monuments les formules périmées du gothique…

Le défilé de toutes ces merveilles, par express, ne demande pas plus de cinq ou six heures, quand, au temps de la marquise, il exigeait cinq ou six jours. Et soudain, à Saint-Nazaire, voici l’Océan. La ville, rectiligne et sans imprévu du reste, le port, les bassins, les jetées, tout s’efface devant Lui. On dirait qu’il est plus immense ici que partout ailleurs : le contraste serait presque trop vif entre les coteaux fleuris de pampres, les architectures d’une suprême élégance qu’on vient de quitter, et ces espaces illimités, parcourus des grandes houles atlantiques qui s’y déploient sans obstacles, si, près de là, dans la dune, ne s’ouvraient sous les pins les criques les plus reposantes, des hémicycles de sable blanc d’un dessin si parfait qu’on les dirait tracés au compas : Pornichet, le Pouliguen, la Baule, la Turballe — et