d’un coloris si clair que le nom de Côte d’argent conviendrait seul à cette zone privilégiée du littoral breton commandée par les onze tours, les quatre portes cardinales et les hauts remparts à mâchicoulis de son ancienne métropole Guérande, sarcophage d’une cité momifiée.
Il n’y a pas cinquante ans, on jargonnait encore un breton barbare dans quelques villages des environs du Bourg-de-Batz[1] et les paludiers de la région portaient les gilets étages, les braies en toile fine, serrées aux genoux par des jarretières flottantes, la veste écarlate et le feutre à larges bords relevés sur le côté, qu’on ne leur voit plus qu’à la procession du Sacre et dans les cavalcades de charité. La Grande-Brière, un peu à l’écart, noyée de brumes, s’est mieux gardée, sans doute grâce à son isolement : elle forme comme un maquis aquatique, une Corse marécageuse au milieu de cette Bretagne du Sud, plus française que bretonne. L’autre Bretagne, la « bretonnante », pour la découvrir, il faut attendre d’avoir franchi la Vilaine et même poussé un peu plus loin jusqu’aux abords de Vannes, chez les Guénédours[2]. C’est quelques tours de roue supplémentaires à s’infliger : mais comme on en est récompensé !
Quand, par le magnifique chemin de la Loire, on arrive comme au bout d’une avenue royale à la lisière du mélancolique Morbihan, on est saisi malgré soi par le changement qui s’opère dans le paysage. Ces landes âpres, dont la plus grande, l’immense lande de Lanvaux, a pu être comparée au désert de Gobi, ces forêts mystérieuses (Lanoë, Camors,