Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/337

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années, possède son théâtre breton, rival du théâtre bavarois d’Oberammergau et dont l’abbé Le Bayon est à la fois l’imprésario, le metteur en scène et le génial fournisseur ?…

Que dire cependant des églises, chapelles et oratoires qui sont les prétextes de ces pèlerinages ? Si la basilique de Sainte-Anne est moderne, son cloître est du pur Louis XIII ; à Saint-Fiacre du Faouët, vous verrez la merveille des jubés bretons, un cancel supérieur à ceux de Saint-Herbot, du Folgoat et de Kerfons ; à Kernascléden, dont le granit est si délicatement fouillé, ciselé, dentelé, festonné, que la tradition en veut faire honneur à deux anges qui se relayaient pour guider la main des ouvriers, vous tomberez en extase devant des fresques dignes du Ghirlandajo ; le calvaire de Guéhenno, œuvre de l’imagier Guillouic, retouchée par les abbés Jacquot et Laumaillé, ne le cède, pour la majesté de l’ordonnance et le fini de l’exécution, qu’aux calvaires de Guimiliau, de Plougastel et de Pleyben ; Saint-Armel, outre un portail et une façade d’une extraordinaire richesse de détails, possède les plus belles verrières de Bretagne : Saint-Nicodème de Pluméliau, la plus belle fontaine miraculeuse (trois piscines) et le plus hardi clocher à jour (46 mètres) du diocèse de Vannes. L’architecture militaire et civile n’est pas moins brillamment représentée dans le Morbihan : Sucinio, Elven, Pontivy, Hennebont, Rohan-Guéméné, Castel-Finans, Rochefort-en-Terre, etc., jusque dans leurs tours, leurs portes et leurs murailles déchiquetées, gardent encore fière allure ; Josselin, Comper, Keralio, Château-Gaillard, la Connétablie de Vannes, soigneusement restaurés, Péaule, avec son presbytère Renaissance dans le style du palais Farnèse,